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Libération

La très féministe Suède fait encore violence aux femmes

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Un parti «antipatriarcal» se crée pour lutter contre les discriminations.
publié le 9 avril 2005 à 1h39

Stockholm de notre correspondant

L'adresse est secrète, et le lieu en principe strictement interdit aux hommes. C'est un immeuble banal et gris dans la banlieue de Stockholm. Sur la porte d'entrée, rien n'indique ce qui se passe derrière ces murs. Là vivent une poignée de femmes battues, parfois avec leurs enfants. Elles ont fui. Personne ne sait qu'elles sont réfugiées là, à part les services sociaux.

Nous sommes bien à Stockholm, capitale de cette Suède qui passe pour le paradis mondial de l'égalité entre femmes et hommes. Depuis près de vingt ans, la sociologue Anita Bergström travaille dans ce kvinnojour, cette permanence pour femmes, comme il en existe 113 en Suède. Tous les ans, quelque 20 000 femmes portent plainte pour violence. Trois à quatre fois plus n'oseraient pas prévenir à la police.

Interdit aux hommes. «Une femme est tuée tous les dix jours, généralement par quelqu'un de très proche, mari, concubin ou parent. Et c'est bien de la Suède que je parle», insiste Anita Bergström. Derrière cette porte qu'elle a bien voulu entrouvrir à un homme, elle montre deux bureaux, un salon, et indique l'accès qui mène aux douze pièces. «Drogue, alcool et hommes sont interdits.» On entend des voix d'enfants qui devraient être à l'école, mais le père pourrait s'y rendre pour les enlever. Parfois, les enfants restent donc là, cloîtrés, avec leur mère. L'an dernier, 58 femmes et 66 enfants ont été hébergés dans cette permanence secrète. Deux salariées, dont Anita, et huit bénévoles