Adré (frontière tchado-soudanaise)
envoyée spéciale
Cocktail explosif à la frontière entre le Tchad et le Soudan, où le régime de N'Djamena s'inquiète de plus en plus pour l'intégrité de son territoire, face aux menées belliqueuses de son voisin et «frère» soudanais. La semaine dernière, un porte-parole du gouvernement tchadien a explicitement accusé le Soudan de vouloir le «déstabiliser» en «recrutant des miliciens» parmi les «Arabes tchadiens».
«Dès que nos femmes vont chercher du bois en dehors du camp, elles se font attaquer. On leur jette des pierres. Nos animaux sont volés, nos enfants battus, nous ne nous sentons pas en sécurité.» Ce réfugié soudanais à l'allure dégingandée dans son boubou blanc, la tête engoncée dans un turban de même couleur, pèse ses mots : «Nos frères tchadiens nous ont aidés. Mais maintenant, ils deviennent agressifs envers nous. Nous voulons partir d'ici.»
Camps. Depuis le début de la guerre civile au Darfour, province à l'ouest du Soudan, entre l'armée soudanaise, appuyée par des milices arabes (les Jenjawids), et une rébellion recrutant parmi les tribus africaines, 180 000 personnes ont trouvé la mort, selon l'ONU, et plus de 200 000 se sont réfugiées à l'est du Tchad. Les Soudanais sont répartis dans douze camps qui s'étalent le long des 700 kilomètres de frontière commune. Un poids démographique et économique très important pour le Tchad, qui compte parmi les dix pays les plus pauvres de la planète. La tension est croissante entre réfugiés et lo