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Libération

En Algérie, Bouteflika veut amnistier la sale guerre

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publié le 12 avril 2005 à 1h44

«Amnistie générale ou amnésie générale ? On veut nous faire croire qu'il n'y a rien eu, ni morts, ni disparus, qu'il faut tourner la page.» Interrogé à Constantine par téléphone, Latifa n'a pas le coeur à rire. Son mari a disparu, enlevé par les forces de sécurité pendant la sale guerre de la décennie 1990 contre les islamistes. Et, moyennant un arrangement financier appelé pudiquement «aide de l'Etat», Latifa devrait approuver, par référendum, l'amnistie générale voulue par le président algérien, qui, pour la première fois, vient d'admettre que ce conflit avait bien fait 200 000 morts.

Monnayer. Le projet n'est pas nouveau. Mais Abdelaziz Bouteflika semble décidé à le boucler au plus vite ­ pendant l'été, dit-on ­ pour donner enfin l'image d'un pays pacifié et réconcilié. Officiellement, le président algérien justifie cette initiative par le fait qu'il n'existe pas d'«autre alternative pour venir à bout de l'insécurité et ancrer la réconciliation que la majorité des Algériens souhaite». L'argument hérisse Abdennour Ali Yahia, le président de la Ligue de défense des droits de l'homme. «Une amnistie, rétorque-t-il, qui ne serait pas précédée par une recherche de la vérité sur les crimes commis n'est qu'impunité et conduira à l'échec de toute réconciliation.»

Mener à bien ce projet bute toutefois sur le problème le plus épineux de la sale guerre, le seul où la responsabilité de l'Etat est imprescriptible : celui des disparitions imputées aux forces de sécurité. Bouteflika sait q