De l'argent et des larmes. Le Soudan a obtenu la promesse de 4,5 milliards de dollars en 2005-2007 pour reconstruire le sud du pays dévasté par deux décennies de guerre civile, tandis que le Darfour est plus que jamais en proie à un huis clos sanglant qui a fait 300 000 morts en deux ans. Toute la mauvaise foi du gouvernement soudanais, qui signe de la main droite un accord de paix au Sud, en janvier à Nairobi, et détruit de la main gauche sa province de l'Ouest, est résumée là. Tout le cynisme de la communauté internationale, frappée d'un strabisme criminel, aussi.
L'aide débloquée par la soixantaine de pays présents à la conférence des bailleurs de fonds d'Oslo, en Norvège, est à la fois conjoncturelle, pour éviter une famine, et structurelle (construction de routes, écoles, hôpitaux). Près de 90 % des habitants du Sud vivent sous le seuil de pauvreté et une personne sur trois y dépend de l'aide alimentaire. Le résultat de vingt-deux ans de politique de la terre brûlée, exactement celle menée au Darfour.
Raid punitif. Vendredi, deux jours seulement avant la réunion des donateurs, l'Union africaine (UA), qui dispose de 3 000 observateurs au Darfour, révélait qu'un groupe de 350 Jenjawids (miliciens arabes progouvernementaux) avait dévasté la veille le village de Khor Abeche, tenu par les rebelles, «pillant, brûlant et détruisant» tout, sauf la mosquée et l'école. Selon le communiqué, Khartoum a tout fait pour empêcher la venue des observateurs de l'UA, alors que des menaces d