Le nouveau chef de l'Etat irakien, Jalal Talabani, entend peser de tout son poids dans le futur débat constitutionnel. Il s'en explique à Libération.
Un Kurde président de l'Irak. C'est un moment historique !
Cela marque une ère nouvelle dans l'histoire de notre pays. Pour la première fois, ses dirigeants ont été désignés lors d'élections démocratiques, non pas imposés par un coup d'Etat. Pour moi, en tant que Kurde, cela signifie qu'il y a dorénavant une égalité complète entre tous les Irakiens. Les Kurdes ne sont plus des citoyens de seconde classe.
En Irak, la fonction de Président n'est-elle pas surtout honorifique?
Détrompez-vous. Le bloc kurde réclamait l'un des postes dirigeants, la présidence de l'Etat ou la tête du gouvernement, et m'avait désigné comme son candidat. Le Président est le garant de la souveraineté de l'Irak, il commande les armées et exerce un droit de regard sur l'action gouvernementale. Il peut mettre son veto à toute décision qu'il juge inacceptable.
Vous comptez donc jouer un rôle clé lors du débat sur la Constitution.
Elle va être rédigée par un comité élu par l'Assemblée, assisté par des experts et des personnalités sunnites non élues. Je peux user de mon droit de veto et le bloc kurde dispose de 77 députés. Nous jouerons donc un rôle très important dans ce processus. Le texte devra ensuite être approuvé par référendum. Par la loi, trois provinces (le Kurdistan autonome est composé de trois provinces, ndlr) pourront le rejeter, à la majorité des deux