En Colombie ou au Guatemala, il suffit d'être syndicaliste pour risquer sa vie. En Thaïlande, de militer pour l'environnement. Au Pakistan, de chercher à protéger les femmes et les enfants de la misère et des traditions. Que dire alors de ceux qui, dans un pays en guerre, tentent de faire respecter les droits de l'homme, ou même simplement d'aider les populations civiles ? Accusés d'être partie prenante du conflit, «ils sont dans une situation de risque majeur», une situation «inextricable», écrit l'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'homme dans son rapport annuel, publié aujourd'hui (1). Signe des temps, le nombre de cas traités en 2004 par cet observatoire, mis en place conjointement par la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) et l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT), a doublé par rapport à l'année précédente : 1 154 défenseurs des droits de l'homme et près de 200 organisations (ONG, institutions, syndicats...) ont été visés par des actes de répression qui vont jusqu'à l'assassinat. Et ce chiffre n'est pas exhaustif.
«Tout-sécuritaire». Ces violations ne sont pas nouvelles. Ce qui est nouveau, c'est que des pays qui se présentent comme des démocraties les justifient au nom de la protection de l'Etat de droit ou de la lutte contre le terrorisme. La priorité au «tout-sécuritaire» légitime toutes les dérives : la création d'«ONG» subordonnées à des Etats chargées de discréditer les défenseurs des droits de l'homme jusqu'a