Londres de notre correspondante
C'est l'un des monstres de la presse politique britannique qui s'y est collé. D'un ton faussement suave, Adam Boulton de Sky News a interrogé Tony Blair pour savoir si son visage apparaissait dans son manifeste électoral. Sous-entendant que cela pourrait être contre-productif auprès des électeurs. Le Premier ministre a un peu hésité, pris les choses avec humour et répondu qu'il y avait bien une photo de lui. En noir et blanc.
En dévoilant mercredi, lors d'un étrange show théâtral, son livre rouge de campagne, un programme de 277 propositions, le chef du New Labour était tendu. La forme même de cette présentation, effectuée en présence d'une brochette de ministres, était raide. L'homme a vieilli, il a rangé son éternel sourire à élastiques et affiche une mine grave. Pour un certain nombre de députés travaillistes, le vainqueur des élections de 1997, puis de celles de 2001, est devenu un boulet. Depuis que la Grande-Bretagne s'est laissée gagner par la fièvre électorale, c'est le principal bug des travaillistes : l'absence de confiance dans leurs promesses en général, et en leur chef en particulier. L'équation Blair apparaît problématique.
Mauvaise donne. Dans son «manifeste», le New Labour troisième formule promet encore davantage d'investissements dans les secteurs publics de l'éducation et de la santé, sans augmentation d'impôts, et avec un non-dit sur les cotisations sociales. Des cartes a priori gagnantes. Mais une part des électeurs britanniq