Bilbao envoyé spécial
«Je ne vis qu'à 35 km de Bilbao, mais c'est comme un exil politique !» En août 2004, Ana Elorrieta a quitté son Pays basque natal. Pas très loin donc, à Castro Urdiales, une belle bourgade de la Cantabrie bordée de deux longues plages et d'un port de plaisance. Chaque jour, elle se rend à Bilbao où cette quadra élégante est secrétaire de la fondation Pour la liberté, qui lutte contre le «diktat» du nationalisme basque. «Le soir, de retour à Castro Urdiales, je respire. Fini les menaces, les slogans pro-ETA, les graffitis qui t'insultent, les symboles nationalistes. Un endroit normal, quoi !» Jusqu'alors, Ana Elorrieta vivait à Plentzia, un village au nord de Bilbao. En 2001, dans un parking, deux types suspects la menacent. Dès lors, la peur ne la quittera plus. Plus tard, la police lui confirme qu'elle est dans la ligne de mire d'ETA. En mai 2003, elle se présente aux municipales sous les couleurs socialistes, et sa vie devient intenable : solitude sociale, insultes, menaces de mort. «Pendant plus d'un an, jour et nuit, la police a protégé ma maison. Je modifiais sans cesse mes itinéraires, je changeais de look, utilisant même des perruques. Puis j'ai craqué.»
Tir dans la nuque. A Castro Urdiales, Ana a rejoint son frère Javier, dans la même fondation. Plus menacé encore, il y vit depuis 2001. «Ici, je n'ai pas besoin de mes deux gardes du corps ; je peux me promener sur la plage et prendre un café tranquille, sans craindre un tir dans la nuque», dit ce