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Libération

Une voix russe contre le rouleau compresseur Poutine

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La journaliste Anna Politkovskaïa dénonce les crimes en Tchétchénie.
publié le 16 avril 2005 à 1h47

«Pourquoi je déteste Poutine ? Pour sa balourdise, son cynisme, sa xénophobie, ses mensonges, pour les gaz qu'il a utilisés lors du siège de Nord-Ost (la prise d'otages du théâtre de la Doubrovka à Moscou, en octobre 2002, ndlr), pour le massacre des innocents (les civils tchétchènes tués dans les bombardements russes) durant son premier mandat.» Il faut un certain cran, aujourd'hui en Russie, pour exprimer des critiques si dures. La journaliste Anna Politkovskaïa, qui vient de signer un livre réquisitoire contre Poutine (1), n'en manque pas, opposante radicale et sans concessions.

Empoisonnement. Reporter au bihebdomadaire Novaïa Gazeta, elle fait partie des irréductibles que le régime Poutine n'a jamais réussi à intimider. Pourtant le FSB (successeur du KGB) et l'armée la détestent, parce qu'elle dénonce la guerre en Tchétchénie. Elle a plusieurs fois été arrêtée et menacée au cours de ses reportages dans la petite république caucasienne. Lorsqu'elle a voulu tenter une médiation lors de la prise d'otages de Beslan, en septembre 2004, elle a été prise d'un malaise dans l'avion après avoir bu une tasse de thé et a dû être ramenée d'urgence à Moscou. Pour beaucoup, il s'agit d'une tentative d'empoisonnement.

«Poutine est affaibli. Il n'est plus le personnage incontesté, même l'administration présidentielle reconnaît que tout ne va pas bien en Russie» : cette semaine à Paris, Anna Politkovskaïa confirme qu'un frémissement s'est produit. «On commence à entendre des blagues sur so