Moscou de notre correspondante
A quand la prochaine révolution... russe ? La vague orange qui a soulevé l'Ukraine en décembre, puis la révolution d'un jour qui a emporté le président kirghiz le mois dernier, ont tellement frappé les esprits à Moscou que plus un jour ne passe sans qu'un journal, un homme d'affaires ou un politique ne déclare son espoir ou sa hantise d'un prochain soulèvement, en Russie même. «Nous pouvons répéter en Russie ce qui vient de se passer au Kirghizistan», assure Ramil Bignov, leader de l'opposition au Bachkortostan, riche République du centre de la Russie, qui tente ces jours-ci sa «révolution». Et d'ajouter : «Notre patience est à bout, si le Kremlin ne fait pas le nécessaire, nous allons nous-mêmes renverser notre président.» L'opposition locale promet un meeting de 50 000 personnes, le 1er mai à Oufa, puis l'installation de tentes comme en Ukraine, jusqu'à ce que Mourtaza Rakhimov, petit satrape local au pouvoir depuis 1990, démissionne.
Luttes de clans. «Oui, une révolution est aujourd'hui possible en Russie», estime le politologue libéral Vladimir Pribylovski, relevant au moins deux «indices» en ce sens : l'intensification des luttes de clans au Kremlin et la «haine» que vouent les patrons russes aux «bureaucrates» qui les humilient. «Rien que pour embêter Poutine, le business russe a indirectement contribué à financer la campagne de Iouchtchenko en Ukraine», assure Pribylovski.
En apparence pourtant, le régime russe paraît solide : la croissance