L'Union européenne lèvera l'embargo sur les ventes d'armes à Pékin «peut-être en 2005, peut-être en 2006. Mais, pour un pays comme la Chine, six mois, trois mois, un jour, ce n'est pas un problème» : le haut représentant pour la politique extérieure et de sécurité commune de l'UE, Javier Solana, a confirmé hier l'embarras des Européens face à une promesse qui, faite en décembre, les divise aujourd'hui. Alors que la Chine renvoie des signaux inquiétants et que les Etats-Unis clament leur opposition, il semble de moins en moins probable que les Vingt-Cinq réussissent à voter une levée de l'embargo d'ici à juin, comme ils se l'étaient fixé.
Lorsqu'en décembre les dirigeants européens mandatent la présidence luxembourgeoise pour finaliser cette mesure, l'affaire paraît presque jouée. La Chine est désormais un «partenaire stratégique» de l'UE. Après les Etats-Unis, elle est aussi son deuxième partenaire commercial. Français et Allemands ont par ailleurs convaincu les autres Européens que la Chine, si elle péchait sur les droits de l'homme, jouait un rôle bénéfique sur la scène internationale.
Mais, depuis, les choses se sont compliquées. En mars, le Parlement chinois a voté une loi antisécession qui envisage un recours à la force contre Taiwan. «Cela va contre les principes de l'UE», a souligné Solana devant l'Association de la presse diplomatique. Il faut ajouter les manifestations chinoises contre les manuels scolaires révisionnistes nippons et le regain de tensions sino-japonais