Emile Poulat, historien et sociologue des religions, spécialiste du catholicisme réagit à l'élection de Benoît XVI.
Quelles conclusions tirez-vous de l'élection du nouveau pape ?
J'ai toujours pensé que l'accord des cardinaux se ferait plus promptement que tout ce que les analystes disaient. Contrairement à ce qu'on nous a laissé croire, la notion de groupe de pression était purement fantasmatique. S'il y avait eu des pressions, le conclave aurait été beaucoup plus long. Cela veut dire que les tensions entre progressistes et conservateurs ne sont pas celles que les médias ont bien voulu nous raconter.
Que peut-on dire de la personnalité de Joseph Ratzinger ?
Il est certain qu'il n'aura pas la stature de Jean Paul II. Jusqu'ici, il n'a donné aucun signe d'une dimension charismatique, mais il faut s'abstenir de préjuger. C'est tout de même un homme d'une vraie stature intellectuelle et morale, de surcroît affable, et sa rigueur doctrinale ne l'empêchera pas d'être un fédérateur. C'est un grand théologien. La question est de savoir quelle sera sa personnalité. Pie XI, élu en 1922, que tout le monde prenait pour un intellectuel évanescent, s'est révélé un pape courageux, qui a affronté le communisme et le nazisme. Avec Ratzinger, on est dans le cas d'une continuité, d'une exceptionnelle rencontre entre lui et Jean Paul II. C'est d'ailleurs pour cette continuité qu'il a été choisi. Reste à savoir comment il va gérer les dossiers. Car, finalement, tous les papes gouvernent au centre. Ils sont confrontés à la réalité, celle de l'Afrique noire, de l'Amérique du Sud... Evidemment, de par sa fonction préc