Madrid de notre correspondant
«C'est un jour historique !» Carlos Iriart, l'un des porte-parole des victimes de la dictature argentine, ne cachait pas sa joie, hier après-midi. Un juge de l'Audience nationale, à Madrid, venait de condamner l'ex-capitaine de corvette Adolfo Scilingo à six cent quarante ans de prison pour «crimes contre l'humanité, détentions arbitraires et tortures» commis durant la dictature, de 1976 à 1983. Dans la salle, les familles des victimes poussaient des cris de joie.
La réaction est à la hauteur de ce verdict sans précédent : pour la première fois, en effet, en bonne partie grâce aux efforts du juge espagnol Baltasar Garzon, un ancien militaire argentin est condamné par un tribunal étranger, qui plus est à une peine très lourde. Dans la pratique, Adolfo Scilingo sera incarcéré en Espagne pendant trente ans, limite fixée là par le code pénal. «Le plus important, c'est qu'il est tombé sous le coup du délit le plus grave, poursuit Carlos Iriart. Cela fera jurisprudence. Désormais, la balle est dans le camp des juges argentins qui, jusqu'à présent, n'ont pas osé retenir l'accusation de crime contre l'humanité. Le grand espoir des familles des victimes est que ce procès historique fasse boule de neige dans notre pays.»
«Vols de la mort». Depuis le début de son procès, à la mi-janvier, devant l'Audience nationale principale instance pénale espagnole , Adolfo Scilingo, âgé de 58 ans, a eu recours à mille subterfuges pour éviter la sentence : «problèmes de