Tokyo de notre correspondant
La honte. «Quelle honte ?», interrogent les révisionnistes nippons. Auteur à succès, le dessinateur Yoshinori Kobayashi en est l'un des plus ardents. Dans son manga De Taiwan, il fait l'éloge de la colonisation de Taiwan par le Japon (1895-1945). Avec humour, ses BD inculquent à un grand nombre de jeunes lecteurs les bienfaits de la «guerre de libération du Grand Japon» dans les années 1930 et 1940. Il y a peu, l'éditeur Shueisha a dû supprimer les pages controversées d'un manga intitulé le Pays brûle, qui dépeignait avec réalisme le sac de Nankin. «Le manque de prudence dans la sélection et la vérification d'éléments utilisés pour la BD a causé de l'incompréhension parmi les lecteurs», s'est excusé son auteur, Hiroshi Motomiya.
Occasionnellement, le révisionnisme sévit aussi au cinéma. Produit par les studios Toei, sorti en 1998 dans 145 salles au Japon, le film nippon Pride dépeint le général et criminel de guerre Hideki Tojo en héros qui a «libéré l'Asie du joug de la domination occidentale». Thèse que continue de défendre le Parti libéral démocrate (PLD) au pouvoir. En 1995, sa Commission pour le réexamen de l'histoire a conclu dans un rapport que «la guerre de la Grande Asie orientale n'était pas une guerre d'invasion mais une guerre d'autodéfense et de libération de l'Asie». Depuis, révisionnisme et négationnisme dans les manuels d'école sont défendus par le Comité de réforme des manuels scolaires, un groupe d'universitaires néonationalistes.