Berlin de notre correspondante
Joschka Fischer, l'«ex-star» de la politique allemande, comme le surnomment déjà certains médias, s'est vigoureusement défendu hier pour sauver son avenir politique. Embourbé depuis quatre mois dans un scandale de délivrance de visas à l'ambassade de Kiev en Ukraine (lire ci-contre), le ministre vert des Affaires étrangères sait que l'avenir de son parti et de la coalition «rouge-verte» est en jeu. Lors d'une audition marathon de la commission d'enquête parlementaire, retransmise en direct pour la première fois dans l'histoire de l'Allemagne, il a fustigé l'«infâme» exploitation «politicienne» de cette affaire, dont il assume pourtant l'entière responsabilité.
Dommages. Si les experts se disputent depuis des mois sur la réalité des chiffres «des millions», clamait l'opposition avant d'évoquer hier «des milliers» de visas délivrés , les dommages en termes d'image, eux, sont quantifiables. Longtemps sacré homme politique le plus populaire d'Allemagne, Fischer a vu sa cote de popularité chuter de 20 points pour atteindre 54 % selon un sondage publié cette semaine par l'hebdomadaire Der Spiegel. Affaiblie sur la scène nationale, la vedette du gouvernement Schröder est aussi contestée à l'intérieur de sa propre administration. Relativement loyaux jusqu'alors, certains fonctionnaires et même ambassadeurs, d'un autre bord politique, n'ont pas hésité à enfoncer publiquement leur ministre. Du jamais-vu dans l'histoire de l'Auswärtiges Amt, le Quai d'Or