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Libération
Reportage

Des villages interdits de port d'armes en Colombie

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publié le 28 avril 2005 à 1h57

San José de Apartadó envoyé spécial

Même les enfants, pieds nus dans la boue, participent à la noria. Avec les planches et les palmes amenées à dos de mulet, ils aident les adultes à édifier maison après maison leur nouveau village, où s'activent déjà plus de 300 paysans. Commencées en mars, les premières baraques en bois de cette «communauté de paix», interdite à tout homme armé, surgissent peu à peu sur les contreforts des Andes, dans le nord-est de la Colombie. En contrebas, devant un bidon érigé en lavoir, Dioselina trime dans le bourbier : «Nous sommes tous là, explique-t-elle, parce que nous refusons de cohabiter avec des gens en armes.»

Isolés au pied d'une cordillère stratégique pour la guerre civile colombienne, les habitants de San José de Apartadó ont signé, il y a huit ans, une «déclaration de paix» pour refuser tout contact avec des combattants. Aussi, quand la police s'est installée dans leur village, le 25 mars, ils ont préféré, comme Dioselina, partir reconstruire leurs foyers à dix minutes de marche, dans ce champ entouré de barbelés.

«Nous ne faisons confiance à aucun des acteurs du conflit, tous nous ont tué des voisins ou des parents», explique Emilio, un des dirigeants de la communauté, sous le toit de tôle qui abrite une cuisine collective improvisée. En 1997, lui et ses compagnons ont été sur le point d'abandonner leurs terres, dispersées dans des hameaux autour de San José. Dans les montagnes, la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (F