Mumbai (Bombay) de notre envoyé spécial
Sur la piste de danse, une vingtaine de jeunes filles vêtues de robes à paillettes ondulent au rythme des tubes de Bollywood, le cinéma grand public indien. Tout autour, dans l'ombre, des hommes enfoncés dans leurs fauteuils matent en sirotant leur bière. Régulièrement, ils tendent un pourboire à leur préférée, qui remercie d'un sourire furtif avant de retourner se donner en spectacle sous les spots multicolores. Soudain, un client se lève pour rejoindre l'une d'elles le temps d'un morceau, aspergeant la belle de billets de banque tout en se déhanchant vigoureusement sur la piste. Bienvenue au Crush, l'un des nombreux dance bars de Bombay, véritable institution de la vie nocturne locale. L'équivalent indien des bars à strip-tease, la nudité en moins. On est en effet très loin des bars à filles thaïlandais où l'on peut faire son choix et repartir avec. Ici, les danseuses sont habillées, et on ne touche pas, on regarde.
Défouloirs. Incarnation de l'esprit tolérant de la capitale économique indienne, plus cosmopolite et nettement moins puritaine que le reste du pays, ces défouloirs nocturnes sont aujourd'hui menacés de disparition. Sans crier gare, le gouvernement de l'Etat du Maharashtra, dont Bombay est la capitale, a en effet annoncé le mois dernier son intention de fermer tous les dance bars. Motif : ces lieux auraient «brisé le tissu social de l'Etat» et «corrompu la jeunesse». Une annonce d'autant plus inattendue que cette activité ra