Menu
Libération

Les tribus baloutches en révolte contre Islamabad

Article réservé aux abonnés
La guérilla du Baloutchistan, province du Pakistan riche en gaz et pétrole, a repris les armes pour stopper le pillage de ses ressources.
publié le 3 mai 2005 à 2h02

Dera Bugti envoyée spéciale

Le vieux nawab (chef, ndlr), appuyé sur sa canne, prend place sur son fauteuil dans la cour de sa résidence. Armés de kalachnikovs, barbes fournies et turbans, des centaines de guerriers de la tribu bugtie s'assoient par terre devant leur chef. Le conseil tribal quotidien va commencer au coeur de la petite ville de Dera Bugti, oasis cernée de collines arides où veillent des guetteurs, dans la province du Baloutchistan, (sud-ouest du Pakistan). «Depuis que l'armée pakistanaise a essayé de me tuer, en mars, je réunis mes hommes régulièrement pour discuter de la situation», explique le nawab Akbar Khan Bugti, 78 ans, le regard malin derrière ses épaisses lunettes. Les Bugtis, l'une des principales tribus baloutches avec les Mengals et les Marris, sont entrés une fois de plus en rébellion contre le gouvernement central d'Islamabad.

Le 17 mars, les militaires ont bombardé la résidence du nawab après un accrochage entre un convoi militaire et une patrouille bugtie. Le quartier hindou tout proche a essuyé des tirs de roquettes et de mortiers, «33 hindous ont été tués, dont beaucoup de femmes et d'enfants, témoigne un habitant, et une trentaine de guerriers bugtis sont morts en héros». L'armée aurait perdu 8 soldats, selon le bilan officiel. Le vieux nawab, furieux, montre un énorme trou de roquette dans le plafond de la pièce où il s'était réfugié : «Ils ont failli m'avoir. C'est ainsi qu'ils répondent à nos demandes, en nous tuant.»

Nombreux attentats. Bie