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Libération

«Je voudrais que Florence soit libre»

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publié le 4 mai 2005 à 2h03

«Femme fatiguée mais mère infatigable», Jacqueline Aubenas, la mère de Florence, était présente à la conférence de presse organisée hier par Reporters sans frontières pour la Journée internationale de la liberté de la presse. Nous reproduisons le texte de sa déclaration.

«Florence est ma fille. Mais son absence, sa détention, et le chagrin, l'angoisse, l'impossibilité de vivre que cela amène, je les partage avec Benoît, Sylvie, Olivier, sa famille, ses proches, ses amis. Nous sommes unis et réunis dans ce que nous ne pouvons pas communiquer. Qu'il est inutile de communiquer. Pourquoi dire ce qu'il est possible à chacun d'imaginer. Pour cela il n'est nul besoin de reportages, de mots, d'images.

D'images justement. Celles de Florence prisonnière, défaite, appelant au secours, me hantent. Il me semblait que jusqu'à présent les images, toutes celles qui montraient les horreurs des guerres, des champs de morts et de batailles, de détention et de souffrance, étaient prises par ceux qui voulaient que cela soit vu en temps réel pour que l'on puisse s'indigner et intervenir. Ou qu'elles avaient été cachées, découvertes après, plongeant dans la stupeur ceux qui n'avaient rien su et rien pu faire.

Les images venues d'Irak brusquement me semblent changer de nature. Elles sont prises et diffusées par les bourreaux eux-mêmes, revendiquées comme des trophées ou des armes. Dans l'inconscience et l'arrogance des gardiens de prison américains. Dans une anesthésie morale qui appartient à une autr