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Libération

Togo : les urnes du désastre

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publié le 4 mai 2005 à 2h02

Encouragé et salué par la communauté internationale, notamment par Paris, la présidentielle du 24 avril devait théoriquement sortir le Togo de la crise politique ouverte par la mort du général Gnassingbé Eyadéma, le 5 février. Les informations qui filtrent au compte-gouttes de l'intérieur du pays démontrent, au contraire, que cette élection a provoqué une vaste déflagration dans l'ancienne colonie française. Loin de se limiter à Lomé, les incidents qui ont éclaté le jour même d'un scrutin entaché de fraudes massives, avant de redoubler deux jours plus tard lors de la proclamation de la victoire de Faure Gnassingbé, ont touché tout le pays.

Représailles. Craignant pour sa sécurité, un journaliste proche de l'opposition s'est réfugié chez sa famille à Kpalimé, à environ 130 km au nord de Lomé, dans la région des Plateaux, acquise aux adversaires du régime. Joint par téléphone, il témoigne sous le sceau de l'anonymat : «Les affrontements entre les jeunes de l'opposition et les forces de l'ordre ont démarré dès le dimanche 24 avril et se sont poursuivis jusqu'au samedi suivant dans les villages environnants.» Selon cette source, les jeunes auraient décapité le chef de la gendarmerie dans la localité voisine d'Adeta. En représailles, les forces de sécurité ont exécuté cinq civils sur le champ. Non loin de là, à Dayes, trois militaires auraient également été liquidés dans des conditions atroces. Pour tenter d'entraver la répression menée par l'armée et des milices proches du pouvoi