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Libération

L'intenable position de la France au Togo

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Alors que l'UE et les Etats-Unis dénoncent une présidentielle entachée de fraudes, Paris félicite le nouvel élu.
publié le 7 mai 2005 à 2h05

C'est une fuite dont Paris se serait bien passé. Selon une série de notes d'information confidentielles, rédigées par la représentation de l'Union européenne à Lomé et mises en ligne par l'opposition togolaise (1), l'élection le 24 avril du nouveau président togolais Faure Gnassingbé ­ qui a succédé à son père au terme d'un scrutin controversé ­ est entachée de fraudes majeures, à même de fausser les résultats. Les auteurs de ces notes relèvent ainsi l'existence de 900 000 électeurs fictifs, principalement concentrés dans le nord du pays, favorable au pouvoir, sur 3,5 millions d'inscrits. A l'inverse, 390 000 électeurs ont été empêchés de voter à Lomé, la capitale acquise à l'opposition, faute de carte d'électeur. Le jour du scrutin, les observateurs de l'UE ­ qui a officiellement refusé de superviser le scrutin tant les conditions d'une élection honnête n'étaient pas réunies ­ ont noté des enlèvements d'urnes par les forces de l'ordre, la présence de faux bulletins pré-imprimés, etc. Bref un «système de fraude généralisée».

Félicitations. Cela n'a pas empêché Jacques Chirac de féliciter le nouvel élu, dans un message rendu public vendredi : «Permettez-moi de vous adresser mes félicitations et mes voeux de plein succès», écrit le chef de l'Etat français. «Je formule le voeu que vous puissiez désormais concrètement mettre en oeuvre l'ouverture politique», ajoute-t-il. Le ministre français des Affaires étrangères s'était déjà félicité en début de semaine du «bon déroulement» de