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Libération
Reportage

Au Darfour, le vent tourne pour les Jenjawids

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Les miliciens arabes progouvernementaux, responsables d'exactions, craignent d'être lâchés par Khartoum.
publié le 9 mai 2005 à 2h06

El-Geneina (Soudan) envoyée spéciale

Le soleil tombe lentement sur les faubourgs, en majorité peuplés par des Arabes, d'El-Geneina, la capitale de l'ouest du Darfour. Même si, depuis un an et demi, des camps de réfugiés, des Fours et des Massalits, chassés par la destruction de leurs villages par l'armée et les milices arabes supplétives, ont été installés au voisinage des habitations en terre. En deux ans, la guerre civile entre le pouvoir et les rebelles locaux au Darfour a fait 200 000 à 300 000 morts.

Au-delà du pont qui marque la sortie de la ville, il n'est pas recommandé de s'aventurer. Ces quartiers de la périphérie sont désignés comme un repaire de Jenjawids, les miliciens armés qui pillent, violent et massacrent les tribus africaines du Darfour, à cheval ou à dos de chameau. Le mot Jenjawids revient sans cesse dans les conversations, aussi omniprésent que ceux qui l'incarnent sont fantomatiques. Ces hommes avec leurs troupeaux qu'on aperçoit là-bas, sur l'horizon monotone, sont-ils des Jenjawids ? Les Jenjawids sont-ils tous arabes, les Arabes sont-ils tous des Jenjawids ?

Liste de criminels. «Nous vous accueillons pour vous prouver que tout le monde se méprend sur la communauté arabe», déclare avec emphase un chef de tribu entouré d'une dizaine d'hommes, assis sur une natte et buvant le thé rouge traditionnel. Il refuse de dire son nom et préfère se faire appeler oumda (le maire, le chef en arabe soudanais). La quarantaine un peu enrobée, dans sa grande djellaba blan