Beyrouth de notre correspondante
Fini le temps où les partisans du général Aoun dissimulaient les portraits de leur héros déchu au fond d'un placard, par peur des représailles. Samedi après-midi, ils ont ressorti tout l'attirail : photos, pin's, tee-shirts, drapeaux, et, par dizaines de milliers, offert un accueil triomphal à Michel Aoun, de retour au Liban après quinze ans d'exil.
Vitre pare-balles. «Général, général, général !» hurle la foule amassée sur la place des Martyrs, au coeur de Beyrouth, quand son avion se pose enfin sur la piste. Sur le tarmac de l'aéroport, le militaire, visage grave et traits crispés, embrasse sa famille avant de s'engouffrer dans une voiture blindée, direction la tombe de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, assassiné le 14 février. Quelques minutes plus tard, il apparaît enfin devant «son peuple», protégé par une vitre pare-balles. «Je suis revenu après quinze ans parmi les miens, et après que ceux qui ont cherché à m'anéantir ont échoué et n'ont pas réussi à obtenir que je trahisse ma patrie», assène l'ex-Premier ministre qui avait lancé, en 1989, la «guerre de libération» contre l'occupation syrienne. Le général chrétien, qui se verrait bien président «s'il y a un consensus national à ce moment-là» , affirme rentrer dans un «esprit de réconciliation» pour construire «une démocratie moderne». «Il faut [...] se débarrasser du féodalisme politique et du système confessionnel hérité du XIXe siècle», explique-t-il en quelques mots. La laïci