Kaboul correspondance
Elle a le visage fermé, les yeux légèrement bouffis. On dirait qu'elle a pleuré et des petites gouttes de sueur perlent sur son front. Shirin Gul avance lentement, presque timide, replace son voile sur sa tête et s'assied au centre de la pièce défraîchie dédiée aux visites. Elle sourit vaguement, dit qu'elle est prête. Elle annonce également qu'aux journalistes, elle dira enfin la vérité. A 39 ans, la prisonnière la plus célèbre d'Afghanistan, celle que la presse appelle la «tueuse aux kebabs», attend toujours son procès. Enfermée depuis quelques mois à Pol-e-Charki, la prison centrale de Kaboul, située à une dizaine de kilomètres du centre-ville, sur la route de Jalalabad, elle est accusée, avec son amant et son fils, du meurtre de vingt-sept personnes.
«Mensonges». Shirin Gul sanglote. «Je suis malade», se plaint-elle. Elle exige de pouvoir relire chaque article écrit sur elle, puis confie qu'en fait elle se fiche de «tous ces mensonges». «Je n'ai jamais tué personne, affirme-t-elle, excédée, ça, c'est la vérité.» Juste après son arrestation, fin 2004, Shirin Gul a pourtant admis les meurtres. Puis elle s'est rétractée. Vingt-sept hommes assassinés en quatre ans. «Elle les séduisait, puis les emmenait chez elle, avant de les empoisonner pour les détrousser, raconte un policier. Elle sélectionnait méticuleusement ses victimes.»
L'enquête commence début 2004, après la découverte du corps nu d'un homme d'affaires, Haji Mohammed Anwar, dans la banlieue de la