Jérusalem de notre correspondant
L'Eglise grecque orthodoxe de Jérusalem est agitée par un scandale comme elle n'en avait pas connu «depuis mille cinq cents ans». Irénéos Ier, son patriarche, vient de se voir infliger un désaveu par les deux tiers de ses évêques qui exigent sa destitution immédiate. Cette crise a été précipitée dès lors que le patriarche a accepté de vendre à des hommes d'affaires israéliens, pour l'heure anonymes, des biens appartenant à son Eglise, dans la vieille ville de Jérusalem. En particulier, deux hôtels situés porte de Jaffa, rendez-vous de la bourgeoisie arabe et de certaines personnalités de l'Autorité palestinienne. La révélation de cette vente dans la presse israélienne, à la mi-mars, a suscité un tollé du côté des Arabes chrétiens, qui ont été jusqu'à manifester sous ses fenêtres : les Palestiniens redoutent la «judaïsation» de Jérusalem-Est, occupée puis annexée par Israël après la guerre de 1967.
L'Eglise grecque orthodoxe est l'un des plus gros propriétaires fonciers et immobiliers à Jérusalem, mais aussi en Israël et en Jordanie. L'affaire est d'autant plus délicate que le patriarcat, tout comme les autres Eglises, doit tenir compte des sensibilités politiques de la région et préserver le fragile statu quo établi depuis l'Empire ottoman. Par ailleurs, ce scandale ne fait qu'exacerber la revendication des fidèles palestiniens, qui exigent d'être mieux représentés au sein d'une hiérarchie essentiellement grecque, voire de nommer l'un des leurs