Le Caire de notre correspondante
L'opposition l'avait pressenti. La réforme politique tant attendue en Egypte s'est réduite, hier, à un tour de passe-passe cosmétique avec l'adoption, par le Parlement, de l'amendement constitutionnel précisant les conditions de candidature à la présidentielle de septembre. Des clauses rédhibitoires qui assurent au chef de l'Etat, Hosni Moubarak, une réélection dans un fauteuil. A travers Le Caire, les calicots sont déjà de sortie. «Oui Moubarak», «Merci Moubarak». Tendus aux façades des immeubles, ils n'attirent même plus le regard des passants, exaspérés par les embouteillages infernaux dus aux barrages de police quotidiens en centre-ville, où manifestaient, hier encore, sur les marches du syndicat de la presse, partisans et opposants du raïs. «Encore des manifestations ? interroge un chauffeur de taxi. Mais ils croient que ça va changer quelque chose ?» Lors de la présidentielle, dit-il, il n'ira probablement pas voter. «Mais je sais qui va gagner», ajoute-t-il, désabusé.
Fureur. Il y a deux mois pourtant, l'annonce surprise de Moubarak déclarant son intention d'offrir à l'Egypte sa première élection présidentielle à candidatures multiples avait sorti le pays de sa torpeur. Un espoir immédiatement douché par le détail des conditions de candidature, lesquelles ont provoqué la fureur de l'opposition. Approuvées hier par l'Assemblée du peuple au terme d'une séance houleuse, elles devraient être entérinées par un référendum prévu fin mai. Le tex