Les plages de Gaza, étroite bande de territoire où s'entassent 1,3 million de Palestiniens, deviennent au crépuscule le discret royaume des amoureux. Mais mieux vaut pour eux être en possession d'un certificat de mariage, car les zélés de l'islam ne sont jamais loin. Ces derniers temps, beaucoup de couples, explique un policier qui demande à garder l'anonymat, ont été molestés par des hommes armés de bâtons. Certains ont été grièvement blessés et dépouillés de leurs biens. Mais aucun n'a osé faire appel à la justice. «Ces couples tabassés ne portent pas plainte car leurs familles, qui craignent que cela ne rejaillisse sur leur réputation, les en dissuadent», rapporte un chercheur de l'association de protection des droits de l'homme El-Mezane, qui confirme l'existence du phénomène. «Et puis, surtout, personne n'a envie de se mettre à dos le Hamas, soupçonné d'être derrière ces milices religieuses.» Depuis des années, l'organisation islamiste s'est fait une spécialité de tuer sans autre forme de procès les «collaborateurs» d'Israël. «Chacun sait que, s'il est accusé de collaboration, il est mort le lendemain, note le chercheur. Résultat, cette mystérieuse police des moeurs, qui agit depuis environ un an, n'a jamais été prise sur le fait.» Du moins, jusqu'au 8 avril.
«En opération». Ce soir-là, deux couples récemment fiancés rentrent du bord de mer en voiture. Une Subaru les prend en filature, puis les intercepte sur la route de Beït Lahiya. «Un homme a sauté du