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Libération

L'Egypte, terre d'accueil pour la torture

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Des détenus étrangers y auraient été extradés clandestinement pour être interrogés.
publié le 13 mai 2005 à 2h09

Le Caire de notre correspondante

«Si vous voulez un interrogatoire sérieux, vous envoyez vos prisonniers en Jordanie. Si vous voulez qu'ils soient torturés, envoyez-les en Syrie. Si vous voulez que quelqu'un disparaisse à jamais, vous l'envoyez en Egypte.» En ouvrant son rapport sur cette citation de l'ancien agent de la CIA Robert Baer, Human Rights Watch (HRW) donne le ton. Selon le document rendu public mercredi, les Etats-Unis, la Suède et plusieurs pays asiatiques et arabes ont eu recours, depuis le milieu des années 90, à des extraditions clandestines de prisonniers vers l'Egypte afin qu'ils y soient interrogés et torturés. Ces hommes étaient, pour la plupart, suspectés d'appartenir à des groupes islamistes armés.

Le rapport affirme que la torture étant en Egypte «une pratique systématique dans le cas des militants islamistes», ces Etats ont enfreint la loi internationale qui interdit l'envoi d'individus dans les pays où ils sont exposés à un risque élevé de torture. HRW a pu reconstituer l'itinéraire de 63 personnes qui auraient été extradées clandestinement vers l'Egypte. Ce chiffre pourrait avoir doublé après les attentats du 11 septembre 2001. L'étude revient sur les cas de Mohamed al-Zeri et Ahmed Agiza, deux Egyptiens demandeurs d'asile résidant à Stockholm. Arrêtés par la police suédoise en 2001, ils auraient été remis à des agents américains, encagoulés, drogués et transférés en Egypte à bord d'un avion américain, puis mis au secret. Agiza a été jugé par un tribu