Istanbul de notre correspondant
Aussitôt connu l'arrêt de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) demandant un nouveau procès pour Abdullah Öcalan (lire encadré), le leader des rebelles kurdes du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), les autorités d'Ankara ont annoncé qu'elles respecteront «les principes de l'Etat de droit». Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, sait qu'il joue l'avenir européen de son pays sur le cas de ce leader kurde condamné à la prison à vie pour avoir dirigé, entre 1984 et 1999, une rébellion armée indépendantiste qui fit au moins 36 000 morts. La tâche s'annonce délicate pour le gouvernement, issu du mouvement islamiste. D'un côté, il lui faut calmer l'opinion publique turque, surtout les courants officiels et populaires, profondément nationalistes et antikurdes, mais, de l'autre, il lui faut respecter les normes européennes, à la veille de l'ouverture des négociations d'adhésion, prévues pour le 3 octobre.
«Pressions étrangères». Depuis quelques jours déjà, pour préparer les esprits à la prévisible décision de la CEDH, le ministre des Affaires étrangères, Abdullah Gul, répétait que «le leader d'un mouvement terroriste recevra toujours la même peine, même s'il est jugé cent fois». Le ministre de la Justice, Cemil Çiçek, qui estimait il y a un mois qu'un éventuel nouveau procès constituerait «une bombe à retardement», a, depuis, changé de position. Il ne s'agit plus, selon lui, que de «procédure à corriger». Mais l'opposition laïqu