En Ouzbékistan, où un soulèvement a éclaté vendredi, il n'y a eu ni oranges, comme en Ukraine, ni roses, comme en Géorgie, ni tulipes, comme au Kirghizistan, où des mouvements de foule pacifiques ont renversé des régimes postsoviétiques faibles et usés. En revanche, le sang a coulé. Dix personnes au moins sont mortes, mais ce bilan, donné avant l'assaut contre les insurgés, devra sans doute être revu à la hausse. L'armée a tiré vendredi après-midi sur les manifestants, dont une partie réclamait le départ du maître de cette ex-république soviétique d'Asie centrale, Islam Karimov, qui tient depuis quinze ans le pays d'une main de fer, en naviguant habilement entre Moscou et Washington. Les Etats-Unis ont implanté une base militaire à la faveur de l'offensive en Afghanistan. Dans la matinée, des affrontements avaient, d'après un bilan officiel, fait 9 morts et 34 blessés.
Fusillade. Selon un communiqué, les incidents ont commencé dans la nuit de jeudi à vendredi, à Andijan, lorsque des rebelles ont attaqué une garnison militaire ainsi qu'une prison dont ils ont libéré les détenus. Soutenus par des milliers de manifestants, ils ont occupé l'immeuble de l'administration locale d'où ils ont été délogés vendredi soir au terme d'une fusillade de plusieurs heures.
La révolte couvait depuis des semaines dans cette ville de 300 000 habitants de la vallée de la Ferghana, déjà fief de l'islamisme à l'époque soviétique, marquée par le chômage et la répression. Depuis quatre mois, fait excep