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Libération

La «menace islamiste» justifie la répression en Ouzbékistan

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publié le 16 mai 2005 à 2h11

Moscou de notre correspondante

Un imbroglio de peuples et de tribus, des islamistes prêts à prendre les armes, une population excédée par la misère et la répression, et un vieux Président sanguinaire qui ne se maintient que par la force, avec le soutien de la Russie et des Etats-Unis : tous les éléments sont depuis longtemps réunis en Ouzbékistan pour une crise majeure qui peut à tout moment embraser l'Asie centrale.

Inventé par Staline en 1924, qui s'était fait un malin plaisir de mêler et diviser les peuples d'Asie centrale, l'Ouzbékistan est un Etat turcophone qui inclut Samarcande et Boukhara, des cités historiques revendiquées par les Tadjiks persanophones. Le pays n'est indépendant que depuis 1991, lors de l'éclatement de l'Union soviétique. Depuis lors, l'Ouzbékistan est dirigé d'une main de fer par Islam Karimov, 67 ans, ancien apparatchik communiste qui s'est fait élire Président une première fois en décembre 1991, avec 86 % des suffrages, et qui, dès le mois suivant, faisait déjà couler le sang : un rassemblement d'étudiants qui demandaient sa démission fut alors dispersé par la police, faisant six premiers morts.

Opposition clandestine. Fils de militaire, formé à l'école soviétique, Islam Karimov a d'abord décimé toute opposition démocratique, emprisonnant les militants des partis Erk (Liberté) et Birlik (Unité), pour ne plus laisser place en Ouzbékistan qu'à une opposition islamiste clandestine qu'il se propose de combattre avec la même violence. Ces dernières année