Sao Paulo de notre correspondante
C'est une vieille hantise, confirmée par une enquête publiée la semaine dernière : pour 75 % des Brésiliens, le Brésil risque d'être envahi «par un pays riche» qui voudrait mettre la main sur ses abondantes ressources naturelles. «La crainte d'une invasion militaire est pure hallucination, note Gilberto Dupas, expert en relations internationales. En revanche, celle d'une mainmise sur nos ressources naturelles n'est pas infondée.» A droite comme à gauche, mais surtout au sein de l'armée, traversée par un courant ultranationaliste, bien des Brésiliens en sont convaincus : vu sa biodiversité et ses ressources minières et hydrauliques elle constitue le plus grand bassin d'eau douce au monde l'Amazonie, à cheval sur sept pays dont le Brésil (qui en détient 70 %), est la cible d'une convoitise internationale, en particulier américaine. Ainsi, le «plan Colombie» de lutte contre le narcotrafic dans ce pays, lancé par les Etats-Unis en 2000 et qui a assis leur influence militaire dans la région, ne serait que le paravent de leur intérêt pour les ressources de l'Amazonie.
Colons. Pour la soustraire à la «convoitise internationale», la dictature militaire (1964-1985) avait lancé, en 1970, un plan de colonisation de l'Amazonie, car ce territoire de 5,2 millions de kilomètres carrés (56 % de la superficie du pays) était fragilisé par son faible peuplement. Sous le slogan «intégrer pour ne pas livrer» (aux appétits étrangers), l'autoroute transamazonien