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Libération

Pinochet englué dans son argent sale

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Accusé de détournement et blanchiment, l'ancien dictateur pourrait perdre son immunité.
publié le 18 mai 2005 à 2h13

Santiago du Chili de notre correspondante

Une nouvelle page judiciaire s'ouvre pour l'ancien dictateur Augusto Pinochet, âgé de 89 ans. Pour la première fois, le Palais de justice de Santiago ne résonnera pas des mots tortures, meurtres ou disparitions. Autant de crimes commis sous une dictature (1973-1990) qui a fait plus de 30 000 morts. Crimes pour lesquels l'ancien dictateur est montré du doigt dans plus de 300 affaires.

Comptes secrets. Aujourd'hui, la cour d'appel examinera si elle lève ou non l'immunité (1) de Pinochet ­ immunité que lui confère son statut d'ancien président (autoproclamé) ­ dans l'affaire Riggs. Cette banque américaine, devenue le symbole du blanchiment d'argent aux Etats-Unis, est au Chili celui de la fortune secrète de la famille Pinochet. En juillet, le Sénat américain publie un rapport qui épluche les comptes de la banque Riggs, tombée sous le coup de la loi américaine contre le blanchiment d'argent sale. On y découvre l'ancien dictateur, qui s'est toujours présenté comme un exemple de probité, à la tête d'une fortune aujourd'hui estimée à plus de 17 millions de dollars par le juge d'instruction Sergio Muñoz, en charge de l'affaire au Chili. Une fortune inexplicable pour un simple fonctionnaire, même aux plus hautes fonctions de l'Etat, qui a, de surcroît, circulé sur un réseau bancaire impressionnant.

Un rapport complémentaire du Sénat publié en mars révèle qu'entre 1979 et 2004, Augusto Pinochet Ugarte a piloté plus de 125 comptes sur le territoir