«Surtout ne tirez pas en l'air, vous pourriez toucher l'avion du Président.» Cette boutade traduit l'agacement des Nigérians face à l'intense activité diplomatique de leur Président. Après Washington il y a trois semaines, Olusegun Obasanjo est attendu à Paris aujourd'hui, où il restera jusqu'à jeudi. Avec l'Afrique du Sud, le géant nigérian est devenu l'autre pilier d'une diplomatie française de plus en plus contestée en Afrique, notamment au Togo et en Côte-d'Ivoire.
Cercle vicieux. Entre Paris et Abuja, l'échange de bons procédés est évident. Derrière la Grande-Bretagne, la France est le deuxième créancier du Nigeria (dont l'énorme dette extérieure avoisine les 35 milliards de dollars). Pour le gouvernement nigérian, l'enjeu est de taille. L'annulation partielle de la dette aurait des effets politiques immédiats. Récemment, une délégation de parlementaires nigérians en visite à Londres a menacé de faire voter une loi interdisant purement et simplement le remboursement des échéan-ces ; les députés ont indiqué que le Nigeria dépense quatre fois plus pour le service de la dette que pour l'éducation et quinze fois plus que pour la santé. Sans cesse en défaut de paiement, le Nigeria accumule les pénalités, il ne parvient pas à se sortir du cercle vicieux. La presse nigériane ne manque pas une occasion d'enfoncer le clou. «Malgré le pétrole, nous ne sommes pas un pays riche, notre PIB est de 320 dollars par habitant», martèle l'énergique ministre des Finances, N