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Libération

En Tchétchénie, l'exécution de civils est pardonnée

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Les soldats russes poursuivis disent avoir agi sur ordre. La justice les a acquittés.
publié le 24 mai 2005 à 2h18

En Tchétchénie, tuer sur ordre n'est pas un crime. Pour un soldat russe, s'entend. Cette conclusion s'impose après le verdict jeudi d'un tribunal militaire de Rostov-sur-le-Don, dans le sud de la Russie, qui a acquitté trois officiers et un soldat des services du renseignement militaire (GRU). Ils étaient accusés du meurtre de six civils tchétchènes, dont une femme enceinte, dans le district de Chatoï. Une première cour avait déjà relaxé les quatre hommes en avril 2004, un jugement cassé par la Cour suprême russe, qui avait renvoyé l'affaire devant une nouvelle juridiction. Dans les deux cas d'acquittement, le verdict a été prononcé par des jurés d'assises, une innovation du code pénal russe adoptée sous la présidence Poutine, et réclamée par la société civile pour adoucir un système judiciaire souffrant d'arbitraire. Par deux fois, ces jurés ont choisi de croire le capitaine Edouard Ulman et ses collègues, qui ont affirmé avoir obéi aux ordres de leurs supérieurs.

L'affaire, qui s'est déroulée le 11 janvier 2002, avait fait couler beaucoup d'encre. Elle est longuement décrite par la journaliste indépendante russe Anna Politkovskaïa dans son livre Tchétchénie, le déshonneur russe (collection Folio documents, 2005). «Voici ce qui s'est produit, écrit-elle. Le 11 janvier 2002, dans le district de Chatoï, sous la lumière aveuglante du soleil d'hiver, sur la route qui menait de Daï, un petit village, à Nokhti-Keloï, un autre petit village, dix combattants de l'unité d'élite du GR