Buenos Aires de notre correspondant
«L'Argentine doit sa croissance au sommeil de ses hommes politiques qui cessent de voler quand ils dorment.» Attribuée à Georges Clemenceau lors d'un voyage sur les bords du rio de La Plata en 1910, cette sentence est malheureusement toujours d'actualité près d'un siècle plus tard. Preuve en est le déballage, ces derniers jours, des usages en cours chez certains ministres et hauts fonctionnaires entre 1990 et 1999 : la distribution mensuelle d'enveloppes remplies de billets pour des montants compris entre 4 000 et 100 000 dollars.
Drogue. Plusieurs affaires récentes viennent de semer le doute sur le décalage entre les bonnes intentions d'un pouvoir qui a fait de la lutte contre l'impunité son cheval de bataille et son inefficacité ou sa mauvaise volonté à faire respecter la loi. C'est d'abord la découverte d'un réseau de trafic de cocaïne vers l'Europe sur les vols de la compagnie Southern Winds, amplement subventionnée par l'Etat. Après l'arrestation d'employés subalternes, l'éviction de plusieurs responsables de la sécurité et des douanes de l'aéroport international de Buenos Aires, le juge chargé de l'enquête a été écarté de l'affaire, aujourd'hui enterrée. «Il est impensable que le trafic d'une tonne de drogue sur plusieurs années vers l'Europe soit uniquement du fait de quatre employés», estime la députée Alicia Castro, vice-présidente du syndicat des employés du transport.
C'est ensuite à mots couverts que l'ambassadeur des Etats-Unis e