C'était le dernier surgeon du «printemps de Damas». Le président syrien Bachar al-Assad l'avait lui-même cité en exemple de sa politique d'ouverture aujourd'hui défunte. Parmi les dizaines de clubs de discussion qui avaient été créés avec son aval, le salon Atassi était le seul à ne pas avoir été interdit. Il vient d'être décapité. Ses huit animateurs, dont sa présidente, Souhair Atassi, fille d'un célèbre opposant nassérien, Jamal Atassi, décédé en 2000, et l'écrivain Hussein al-Aoudat, ont été arrêtés hier. «Des agents de la police politique sont venus les cueillir chez eux à 5 h 30 du matin», indique l'avocat et militant des droits de l'homme Anouar Bounni.
Le premier samedi de chaque mois, 200 personnes se pressaient dans l'ancienne maison de Jamal Atassi pour débattre de politique. «Faute de place, les gens s'installent dans la rue ou la cuisine. Il y a même des baassistes qui viennent porter la contradiction et bien sûr des Moukhabarat (des membres des services de renseignements) qui enregistrent tout», racontait récemment un participant.
Ce petit espace de liberté permettait de prendre la température de la société civile. Pour le régime, «c'est une façon de faire sortir le loup du bois», selon un organisateur. Le 7 mai, l'un des intervenants, Ali Abdallah, a lu un message d'Ali Sadreddine al-Bayanouni, le chef des Frères musulmans, exilé à Londres. Un défi dans un pays où l'appartenance à la confrérie est toujours passible de la peine de mort. Ali Abdallah a été empriso