Le génocide arménien de 1915 reste tabou au niveau officiel en Turquie. Soumise à de lourdes pressions du gouvernement de Recep Tayyip Erdogan (issu du mouvement islamiste) la présidence de l'université du Bosphore a finalement annulé hier au dernier moment un colloque , le premier du genre à Ankara, avec des historiens turcs qui, comme Taner Akçam, remettent en cause la version officielle et reconnaissent l'évidence du caractère génocidaire de ces tueries planifiées qui ont fait entre un million et un million et demi de morts. Ankara avance le chiffre de 350 000 victimes et affirme que les massacres ont eu lieu des deux côtés. «C'est un coup de poignard dans le dos du gouvernement et de l'Etat que d'organiser une telle réunion dans un tel moment», avait martelé mardi devant le Parlement le ministre de la Justice Cemil Cicek accusant les organisateurs de «trahison» de l'intérêt national. Alors qu'Ankara devrait commencer en octobre prochain les négociations d'adhésion avec l'Union européenne, de plus en plus de voix s'élèvent parmi les 25 pour inciter la Turquie à affronter cette page tragique de son histoire. Les autorités appellent sans conviction à «un débat d'historiens». Une partie de l'intelligentsia est bien décidée à assumer ce travail de mémoire. «Ce colloque sans précédent montrait que les choses commençaient à bouger, souligne Ahmet Insel, professeur à Paris-I et à l'université de Galatasaray, son interdiction de fait ne peut que servir les franges les plus radica
Le génocide arménien privé de débat
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par Marc Semo
publié le 26 mai 2005 à 2h20
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