Nefteiougansk envoyée spéciale
Les peintres ont bien travaillé ces derniers temps à Nefteiougansk, l'ancienne «capitale» de Ioukos, posée au milieu des marécages de Sibérie, 2 000 kilomètres à l'est de Moscou. Tous les équipements, pompes, baraques ou wagons, jadis vert et jaune, aux couleurs de Ioukos, sont en passe d'être recouverts de noir et jaune. Les couleurs de Rosneft, la compagnie d'Etat qui s'est emparée en décembre de Iouganskneftegaz, la principale filiale de Ioukos, basée ici. Partout dans cette ville de 108 000 habitants, les triangles vert et jaune de Ioukos sont méthodiquement remplacés par la torche noir et jaune de Rosneft. «On n'arrête pas de peindre», soupire Genia, 29 sans, technicien de forage qui raconte avoir badigeonné tous ses équipements aux couleurs de son nouveau maître. «A mon niveau, c'est le principal changement, dit-il. Rosneft a promis une hausse des salaires de 20 % cette année, mais ça, je ne l'ai pas encore vu venir.»
Entre 300 et 600 euros par mois
La «capitale» de Ioukos, qui assurait plus de 60 % du pétrole du groupe de Mikhaïl Khodorkovski et 12 % du pétrole russe, a vite oublié son ex-patron. Depuis son arrestation, en octobre 2003, jusqu'au verdict, pas une manifestation de soutien, pas un jour de grève n'aura mobilisé les anciens salariés de Ioukos en faveur de celui qui se voulait leur «bienfaiteur». «Qu'est-ce qu'il a vraiment fait pour nous ?», maugrée un autre foreur, devant un petit square où le logo Ioukos a été à demi-effacé. «