Beyrouth envoyé spécial

Le plébiscite posthume en faveur de Rafic Hariri n'aura pas eu lieu. Certes, les listes conduites par Saad, le fils du Premier ministre assassiné, ont raflé aisément dimanche les 19 sièges dévolus à Beyrouth, mais la faiblesse extrême de la participation ­ 27 %, selon les chiffres officiels ­ a jeté une ombre sur ces législatives, qui consacraient pourtant la fin de trente-trois ans de tutelle syrienne. «Cette victoire a été gâchée par le plus bas taux de participation depuis treize ans», soulignait hier le quotidien Daily Star. «Si les listes Hariri sont passées comme une lettre à la poste, cette victoire est imparfaite vu le désintérêt affiché par les électeurs vis-à-vis du scrutin, en dépit de l'intensification de la campagne de sensibilisation menée depuis des semaines par le courant Hariri», renchérissait l'Orient-le Jour.

Sang. Devant la foule de ses partisans, Saad Hariri a reconnu dimanche soir que c'était «la victoire de Rafic Hariri dont le sang n'aura pas été versé en vain». «Beyrouth donne ses voix à son martyr», a commenté, de son côté, le quotidien en langue arabe As-Safir. Mais l'utilisation sans retenue de l'émotion suscitée par sa mort n'a pas pour autant drainé les électeurs vers les urnes. Dans les quartiers chrétiens, le taux de participation est même tombé à près de 15 %, suscitant l'inquiétude du patriarche maronite. La faible participation est due notamment au fait que neuf membres des listes Hariri ont été élus d'office en l'abse