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Libération

Affaire Ioukos : le message d'une sentence sans clémence

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publié le 1er juin 2005 à 2h25

Moscou de notre correspondante

«Verdict cannibale», «parodie de justice», «retour aux années Staline»... Même attendue, la condamnation de Mikhaïl Khodorkovski et de son associé Platon Lebedev a causé un choc hier en Russie. Au terme d'un procès de onze mois, que tout le monde savait n'être qu'un simulacre, les deux anciens dirigeants du groupe pétrolier Ioukos ont été condamnés chacun à neuf ans de prison, soit pratiquement la peine requise par le parquet (dix ans). Ce verdict «servira de monument» à ce tribunal, a brièvement commenté Khodorkovski, reconnu coupable de fraude fiscale et d'escroquerie à grande échelle. «Je sais que ma condamnation a été décidée au Kremlin», a-t-il déclaré, via un texte lu par un de ses avocats. «Certains représentants de l'entourage du Président» prônaient l'acquittement, tandis que «d'autres ont estimé que je devais être mis en prison pour longtemps».

Peur. Ce verdict extrêmement sévère, au terme d'un procès très médiatisé, vise à «faire peur», relevaient hier plusieurs analystes russes. «Il permettra non seulement de redistribuer des biens en faveur du pouvoir, mais d'intimider tout le monde», soulignait hier Irina Khakamada, dirigeante du petit parti libéral SPS. Avant même cette condamnation, Khodorkovski avait déjà été dépouillé de son groupe pétrolier, à coups de redressements fiscaux. Mais ce verdict trahit aussi la peur du Kremlin face au milliardaire qui avait laissé entendre qu'il pourrait bien tenter de succéder à Poutine.

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