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Libération

L'Ouzbékistan, Etat de non-droit de l'homme

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Un rapport dénonce les emprisonnements politiques, les tortures et la peine de mort.
publié le 4 juin 2005 à 2h28

Les tortures débutent dix minutes après l’arrivée du suspect au commissariat. Comme il est généralement raflé avec sa famille, l’une des plus courantes consiste à le menacer de violer sa femme sous ses yeux. Sinon il est tabassé devant les siens, ébouillanté... De retour d’une mission en Ouzbékistan du 26 avril au 7 mai, l’équipe de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) rapporte une vision particulièrement sinistre du régime d’Islam Karimov, qui n’a pas hésité à faire tirer sur une foule révoltée le 13 mai à Andijan.

«La garde à vue peut se prolonger dix jours. La priorité est d'obtenir des confessions écrites. D'où la torture systématique, explique l'avocate de la mission. Ce n'est qu'après son inculpation que le détenu est autorisé à voir son avocat, qui ne peut alors plus rien faire.» La justice est aux ordres : Karimov nomme le procureur général, qui nomme les procureurs qui chapeautent les juges : «N'importe qui peut être arrêté et prendre vingt ans, sans pratiquement aucun recours.» Seul moyen d'adoucir la sentence, donner une «enveloppe» au procureur.

L'Ouzbékistan détient le record de prisonniers politiques dans la CEI (la Communauté des Etats indépendants, les ex-Républiques soviétiques sauf les trois baltes) : entre 5 000 et 7 000. Avec la Biélorussie, il est le seul à appliquer la peine de mort : de 100 à 120 par an. Malgré cela, le régime, qui mène une répression tous azimuts sous prétexte de combattre l'islamisme, continue d'être soutenu par le