Pékin de notre correspondant
Chaque année, à l'approche du 4 juin, il y a de la nervosité dans l'air à Pékin. L'anniversaire du massacre de Tiananmen, il y a seize ans, a beau avoir largement disparu de la mémoire des Chinois ordinaires, le pouvoir communiste continue de redouter cette échéance comme un moment difficile à traverser, mobilisant toutes les énergies policières et sécuritaires d'un pays qui n'en manque pas.
Fantôme. Cette année, le fantôme de Zhao Ziyang, numéro 1 chinois au moment du Printemps de Pékin de 1989, mort en janvier dernier après avoir passé plus de quinze ans en résidence surveillée, plane sur ce rendez-vous. Ses funérailles avaient donné lieu, au début de l'année, à un exercice de gestion politico-sécuritaire délicat. Son héritage politique est quant à lui carrément explosif.
Une série d'arrestations, révélées ces derniers jours, est venue le confirmer, donnant à ce 4 juin un caractère particulier, comme un rappel du péché originel de l'équipe actuellement au pouvoir, parvenue au sommet dans la foulée d'un massacre d'étudiants et du limogeage d'un réformiste ouvert à la démocratisation du pays. L'enjeu : empêcher la sortie de Chine des textes d'entretiens inédits de Zhao Ziyang, recueillis pendant sa longue période de résidence surveillée et de silence forcé.
Le journaliste hongkongais Ching Cheong, travaillant pour le quotidien Straits Times de Singapour, a fait les frais de ce contexte : à la recherche de ces textes, il est tombé dans un piège et est