Sihem Bensedrine, l'un des symboles de la lutte pour les libertés en Tunisie, est la bête noire du régime de Zine Ben Ali. A ce titre, cette journaliste-écrivain de 55 ans sait qu'elle peut s'attendre à tout. D'autant que son dernier ouvrage, coécrit avec Omar Mestiri, l'Europe et ses despotes (1) met le doigt là où ça fait mal : il décortique de manière implacable l'hypocrisie européenne et américaine qui, en soutenant le «modèle tunisien» dans le monde arabe, fait le jeu du terrorisme islamique.
Montage-photo porno. En janvier 2004, Sihem Bensedrine fut donc tabassée par la police. En 2001, elle purgea deux mois de prison pour avoir dénoncé la corruption d'un juge et du beau-frère du président tunisien. En 1993, elle fut la cible d'un montage-photo pornographique calomnie favorite de Ben Ali diffusé à des milliers d'exemplaires. Pourtant, la porte-parole du CNLT (Conseil national pour les libertés en Tunisie) et rédactrice du journal en ligne Kalima ne s'attendait sans doute pas à la virulence et à l'obscénité de la campagne de presse déclenchée les 8 et 11 mai à son encontre. Hasard : la guerre a été lancée au lendemain de la publication, à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, d'un rapport du CNLT dénonçant la désinformation orchestrée par certains journalistes tunisiens...
Plusieurs titres en particulier Al-Chourouk et Al-Hadith, deux quotidiens arabophones à grand tirage , ainsi que l'Observateur et As-Sarih ont rivalisé da