C'est une province iranienne d'environ cent mille âmes. Le citoyen lambda peut, à loisir, y conspuer le pouvoir dictatorial des mollahs, raconter sa vie sexuelle ou disserter sur le dernier Star Wars. Au Blogistan, comme l'ont surnommé les internautes iraniens adeptes de ces journaux intimes sur la toile, souffle un air de liberté inconnu dans le reste de l'Iran. Les récentes arrestations de blogueurs n'y changent rien le dernier en date a été condamné lundi à deux ans de prison pour «insulte du Guide suprême». Pas plus que les fermetures de milliers de ces sites personnels «subversifs». Le régime sait qu'il mène une guerre vaine, perdue d'avance.
Les Iraniens sont devenus accros à ce mode d'expression. Depuis que l'Unicode (1) a rendu possible l'utilisation du persan sur l'Internet en 2001, le nombre de blogueurs iraniens a explosé au point que la langue de Hafiz est devenue la quatrième langue parlée sur la blogosphère. Dans un pays où 70 % de la population a moins de 30 ans, les blogs représentent pour la jeunesse iranienne un exutoire vital, où s'expriment leurs frustrations, leurs angoisses mais aussi leurs espoirs.
Faits d'armes. A la veille de l'élection présidentielle, la campagne de boycott du scrutin bat son plein sur les blogs iraniens. «Ne légitimez pas le pouvoir des mollahs : abstenez-vous !», écrit l'un d'eux avec, en fond d'écran, un citoyen jetant son bulletin de vote à la poubelle. Pétitions, appels à des rassemblements pour protester contr