Au troisième jour des manifestations étudiantes contre le régime éthiopien accusé d'avoir truqué les élections législatives du 15 mai, la situation a dégénéré à Addis-Abeba. Hier, des heurts entre la police et les sympathisants de l'opposition ont fait au moins 22 morts et des centaines de blessés, selon des sources hospitalières. Dans la soirée, un calme précaire régnait dans la capitale déserte et quadrillée par d'imposantes forces de sécurité.
Colère. Depuis le début de la semaine, la contestation menée par les étudiants a débordé des campus universitaires dans les rues d'Addis-Abeba. La colère des jeunes sympathisants de l'opposition a été déclenchée par l'annonce des résultats provisoires, octroyant à la coalition au pouvoir depuis 1991 la majorité absolue au Parlement. Ils refusent de se contenter du bon score enregistré par l'opposition, qui a ravi près du tiers des sièges au Parlement, assurant que le pouvoir a, en réalité, perdu les élections. Sur ses gardes, le gouvernement avait interdit toute manifestation durant un mois dans la capitale, dès la clôture du scrutin.
L'actuel Premier ministre Meles Zenawi est un ancien leader étudiant et chef d'un mouvement de rébellion. Il a pris le pouvoir en 1991, à la faveur du renversement du dictateur marxiste Hailé Mariam Mengistu (lire ci-contre).
Après avoir procédé à de nombreuses arrestations en début de semaine, le gouvernement a donné des consignes de fermeté aux forces de l'ordre. Elles ont été appliquées à la lettre. Hi