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Libération

Pinochet, trop dément pour deux procès

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Il n'est plus poursuivi pour le plan Condor en raison de sa santé, mais le demeure pour détournement de fonds.
publié le 9 juin 2005 à 2h32

Santiago du Chili de notre correspondante

Un pas en avant, deux pas en arrière. Mardi, la cour d'appel de Santiago en session plénière a levé l'immunité d'Augusto Pinochet dans l'affaire de ses présumés détournements de fonds. Une immunité que lui confère sa qualité d'ex-Président ­ autoproclamé.

Voleur. Mais, quelques heures plus tard, la quatrième chambre de cette même cour d'appel, formée de trois juges, a décidé à l'unanimité d'annuler la mise en examen de l'ancien dictateur dans l'affaire dite du «plan Condor». Une opération de coordination des services secrets, menée dans les années 70 et 80 par les dictatures sud-américaines (Argentine, Chili, Uruguay, Brésil, Paraguay, Bolivie) pour éliminer leurs opposants politiques. Ce qui a fait dire à l'avocat Eduardo Contreras : «Aux yeux des juges, semble-t-il, il n'est pas admissible que Pinochet soit un voleur, en revanche, peu importe qu'il soit un assassin, autrement dit, des millions de dollars valent beaucoup plus que le sang de milliers de Chiliens.»

Les juges ont estimé que l'ancien dictateur, âgé de 89 ans, n'était pas capable d'assurer sa défense au cours d'un procès, étant donné sa «démence». L'Histoire se répète. Car cette cour s'est appuyée sur un précédent jugement qui a permis en 2002 à Pinochet de voir une première mise en examen ­ dans l'affaire dite de la «Caravane de la mort» (1) ­ également annulée. Pourtant, depuis trois ans, les preuves s'accumulent, démontrant la bonne santé mentale de l'ancien dictateur. E