Le géant endormi de l'Afrique est-il en train de se réveiller ? Il est beaucoup trop tôt pour dire si les manifestations sans précédent d'hier à Addis-Abeba marquent le début de la fin du pouvoir de Meles Zenawi, qui dirige l'Ethiopie depuis qu'il a chassé du pouvoir par les armes le dictateur marxiste Haïle Mariam Mengistu, en 1991. Sera-t-il à son tour chassé par la crue ? Le Premier ministre éthiopien, un ancien admirateur du modèle albanais d'Enver Hodja converti au capitalisme, est un fin tacticien qui ne manque ni de ressources ni de pragmatisme : il devrait rapidement se tirer de cette mauvaise passe.
Brèche. Mais d'ores et déjà, rien ne sera plus comme avant dans l'ancienne Abyssinie. Pas tant en raison des manifestations de ces derniers jours et de la féroce répression d'hier qu'à cause des élections législatives du 15 mai, qui ont ouvert une brèche impossible à refermer. Le pays, bien que le deuxième plus peuplé d'Afrique (après le Nigeria) avec quelque 70 millions d'habitants, est resté l'un des plus hermétiques du continent. Le vent de démocratisation souvent étouffé en Afrique n'y avait encore jamais soufflé. L'Ethiopie, qui n'a jamais été colonisée, mais soumise par l'Italie fasciste de 1935 à 1941, a vécu sous le joug du féodalisme despotique d'un empereur, le Négus, jusqu'en 1974, avant de passer sans transition à l'une des dictatures communistes les plus sanglantes de l'Histoire.
Depuis 1991, le pouvoir, en apparence démocratique, est accaparé par le Front