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Libération

Crise d'identité chez les Afrikaners

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Le gouvernement sud-africain pourrait rebaptiser Pretoria.
par Valérie THIJS
publié le 10 juin 2005 à 2h33

Johannesburg intérim

Pretoria vit peut-être ses derniers instants sous ce nom. Si le ministre sud-africain de la Culture suit l'avis rendu récemment par le Conseil national des noms géographiques, la capitale sud-africaine s'appellera bientôt Tshwane. Le nom du chef d'une tribu locale installée avant l'arrivée des Blancs remplacerait celui du colon boer Andries Pretorius. Tout un symbole. Ce projet passe très mal auprès des Afrikaners : 3 000 d'entre eux ont manifesté fin mai dans les rues de Pretoria. «Il n'y a eu aucune consultation, déplore Johann Rossouw, porte-parole de la Fédération des associations culturelles afrikaners. On ne peut pas réécrire l'histoire en niant le passé.»

Offensive de charme. Cette controverse surgit alors que le président, Thabo Mbeki, s'est lancé dans une offensive de charme envers les 2,5 millions d'Afrikaners (descendants des colons néerlandais, français et allemands). «Ils sont les catalyseurs qui mettront un terme à la division raciale du pays», écrivait-il le 27 mai, dans sa lettre hebdomadaire sur le site de l'ANC, le parti au pouvoir depuis 1994. Un rapport préparé pour la conférence nationale de l'ANC, en juillet, note qu'«ils sont plus enclins [que les anglophones] à soutenir la nouvelle Afrique du Sud et l'africanisme».

Après 350 ans de présence sur le sol sud-africain, la majorité des Afrikaners se sentent plus attachés à cette terre que les autres «Blancs», qui ont souvent un double passeport. «Nos racines sont ici», souligne Ernest Hew