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Libération
Interview

«Damas s'efforce de saborder le navire libanais»

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publié le 10 juin 2005 à 2h33

Beyrouth de notre correspondante

Gebran Tuéni est rédacteur en chef d'An-Nahar, le quotidien libanais d'opposition auquel collaborait le journaliste Samir Kassir, tué dans un attentat à la voiture piégée le 2 juin. Elu député le 29 mai sur la liste de Saad Hariri, le fils de l'ex-Premier ministre assassiné en février, il est lui-même menacé et protégé en permanence par des gardes du corps.

Une semaine après l'assassinat de votre éditorialiste Samir Kassir, où en est l'enquête ?

Nous avons seulement des indices. Mais, quand on sait pourquoi on l'a tué, on sait qui l'a tué. Samir Kassir était un journaliste, d'opinion, impliqué dans la lutte pour la démocratie au Liban mais aussi en Syrie et dans le reste du monde arabe. Ceux qui l'ont assassiné poursuivaient trois buts : mettre un terme à une série d'articles qui dénonçaient les régimes dictatoriaux et risquaient d'avoir une influence dans la région ; faire taire un journaliste et la presse libre plus généralement ; faire peur à l'opinion publique libanaise en disant : «Nous sommes toujours là.»

En tant que PDG d'An-Nahar, avez-vous reçu des menaces précises ?

Oui, il y a deux mois. Et je reçois presque chaque jour des mails, des lettres de menaces. Nous avons également eu des informations en provenance de Syrie, de certains services de sécurité et d'ambassades étrangères, disant que je pourrais être la cible d'un attentat.

Savez-vous qui vous menace ?

Nous savons très bien que c'est le régime syrien qui nous veut du mal. C'est un r